La scolarité des enfants autistes: Les expériences pilotes
En application de ces textes, de nombreuses expériences pilotes ont été mises en place:
En Moselle :
Un film « petits morceaux de lumière » a été réalisé par Alain BOUVAREL et Jacques CONSTANT. A travers six histoires cliniques, ce film retrace les étapes diagnostiques, thérapeutiques et éducatives des six enfants : Angélique, Alexandre, Marie, Fabien, Loïc et Jean Christophe : six histoires au travers desquelles nous comprenons mieux les problèmes de l’intégration scolaire. Les instituteurs sont à l’écoute des enfants, et prennent en compte leur souffrance et celle de leurs parents. Certaines institutrices travaillent avec l’enfant en dehors de la salle de classe qui peut être trop angoissante pour eux. Ils témoignent :
« Ce qui est important, c’est le regard positif qu’on porte sur l’enfant. C’est de donner tout ce qu’on peut même si en apparence l’enfant ne participe pas. »
« Savoir mettre en avant ce qu’il fait de bien afin de permettre aux parents de voir leur enfant sur un angle différent ».
« Le jour où l’enfant parvient à donner la main à un autre c’est une étape extraordinaire de franchie ».
« Ce qui est essentiel, c’est de parvenir à ce que les autres changent leur regard »
« Cet enfant apporte beaucoup aux autres et m’a beaucoup apporté. J’ai changé ma façon d’enseigner et d’appréhender les élèves en difficulté ».
Ces équipes expliquent que, pour malade qu’ils soient dans la construction de leur personnalité, les enfants autistes ont le droit, comme tout autre enfant à l’éducation et à la scolarité. Pour ces professionnels, la place sociale de l’enfant, c’est dans l’école qui leur permet d’acquérir un vocabulaire social et de communiquer avec les autres enfants.
La classe intégrée à Chatenay-Malabry
Expérience d’une classe pour enfants autistes, intégrée dans une école élémentaire.
La pédagogie pratiquée dans cette classe s’inscrit dans la démarche TEACCH à laquelle ont été formées l’enseignante et l’éducatrice.<r C’est une pédagogie individuelle, centrée essentiellement sur les possibilités, les potentialités et les besoins de l’enfant, à un moment donné, à partir d’un projet pédagogique qui s’actualise tout au long de l’année, et qui prend largement en compte la part éducative des parents, puisqu’il y a un contrat entre les familles et l’école par rapport au projet».
Dans cette expérience l’un des aspects les plus positifs a été la pratique du tutorat par les enfants eux-mêmes. Elle permet non seulement d’aider efficacement les plus en difficulté, mais en même temps elle valorise les tuteurs et leur permet aussi de progresser.
L’accueil des autistes à l’école a permis de modifier le regard que l’on porte sur les autres enfants et cela a eu une incidence sur l’ensemble de la dynamique de l’équipe.
Quel en est le bilan ? : Quelques enfants poursuivent leur scolarité dans une classe intégrée de collège, mais il s’agit d’une petite minorité.
L’accueil en collège reste plus difficile que dans les écoles élémentaires. Leur organisation est plus complexe et leurs exigences pédagogiques sont plus importantes. Pourtant, il existe quelques classes pour adolescents autistes en collège, dans le public comme dans le privé.
L’expérience de Créteil
Une enseignante témoigne :
« Un enfant autiste ne montre que ce qu’il veut, quand il veut, à qui il veut. Pour l’instituteur, c’est la nécessité d’une attention de chaque instant. L’intégration ne peut se faire sans la présence dans la classe d’un accompagnant qui permet de prendre en charge l’enfant lorsqu’il décroche. Il est très difficile de capter dans sa bulle et son angoisse ».
Cette institutrice fait part de ses difficultés et découragements : non aidée par rapport à l’énorme investissement personnel. Après 6 ans, elle se dit usée.
Pour elle, l’intégration reste difficile. Elle ne peut se faire sans moyen. Ces enfants mettent mal à l’aise les autres enfants et il faut un accompagnement de l’ensemble de la communauté éducative. Pour elle, la prise en charge par les pairs est un leurre dans le long terme.
Quel est le devenir des enfants autistes ayant bénéficié d’une intégration scolaire ?
Il est difficile aujourd’hui de répondre. Chaque enfant autiste est unique. Les difficultés que rencontrent ces enfants ne sont pas homogènes, leurs potentialités ne le sont pas non plus. L’intérêt théorique du développement d’un projet individuel est de conduire chaque enfant aussi loin que possible dans son développement et ses apprentissages ;
Les aspects positifs de la scolarisation sont multiples :
• Pour l’enfant, c’est la reconnaissance de son statut d’élève : il devient un enfant comme les autres et prend la notion des différents lieux : l’école et le centre de soins ;
• L’acquisition de la lecture lui permet la socialisation et l’intégration sociale ;
• L’accès à l’autonomie optimale de l’enfant au regard de ses possibilités.
• La diminution de l’angoisse et la joie de vivre sont des signes de réussite ;
• Le développement des capacités de communication : Au lieu de rester dans un univers spécialisé au contact d’enfants qui communiquent mal à cause de leur pathologie, ils sont immergés dans un univers communicant.
Tous les enfants ne peuvent être intégrés. Les écueils à éviter :
• Il ne faut pas encourager une vision utopique ;
• L’inscription dans un parcours comme les autres ne doit faire imaginer qu’en mettant l’enfant à l’école on va supprimer le handicap ;
• Alors que l’on est sensé aider l’enfant autiste à trouver l’unité de sa personne, l’intégration entraîne la multiplication des intervenants et des lieux et peut mettre en souffrance l’enfant ;
• Il faut se donner les moyens d’une évaluation à long terme et se méfier des succès à court terme. A l’école maternelle, l’intégration est souvent très positive mais dès l’école élémentaire l’enfant se sent différent des autres et il peut se retrouver en situation d’échec ;
• Si l’on tient compte des capacités réelles de l’enfant on peut le rendre heureux en lui trouvant un parcours personnel. Si l’on place l’enfant dans des structures hors de sa portée, on le met en situation d’échec et on aggrave considérablement les troubles du comportement.