La scolarité des enfants autistes
L’autisme en quelques chiffres
Compte tenu des difficultés de définition de l’autisme et de l’insuffisance des données statistiques en matière de handicap en général, l’évaluation du nombre d’enfants victimes de cette affection reste floue. Selon la Direction de l’Action Sociale, 6800 à 8000 enfants présentaient un syndrome autistique en France en 1994.
On évalue le nombre de places affectées à la prise en charge des autistes de moins de 20 ans, à 2000 dans les institutions psychiatriques et à 2200 en médico-social.
L’intégration scolaire des enfants et adolescents atteints d’un handicap dans les établissements scolaires relèvent du Ministère de Education Nationale constitue une ligne politique majeure de ce ministère depuis plus de 20 ans.
L’intégration d’enfants autistes, compte tenu de la particularité de leur handicap, pose un véritable défi à l’école. Ces enfants présentent des troubles graves du développement, de la communication et de la relation, or, le principal outil de l’école est la communication. N’était-on pas aux limites du possible avec ces enfants, si particuliers, dans leur relation au monde et aux autres ?
L’intégration passe d’abord par la reconnaissance du handicap et nécessite une prise en charge adaptée.
Pour un certain nombre de parents, la classe intégrée représente ne alternative à la structure psychiatrique que constitue l’hôpital de jour ou à l’établissement spécialisé. La critique la plus grave faite par ces parents à des structures essentiellement vouées aux soins, est le peu de cas fait de l’éducation. Ce qu’attendent les parents c’est que leurs enfants soient éduqués et pas seulement soignés sur le plan psychologique et médical.
La classe intégrée donne la plupart du temps satisfaction aux parents car elle présente un certain nombre de conditions parmi lesquelles :
-Une classe à petit effectif encadrée par un enseignant et un éducateur.
-Une structure d’accompagnement constituée par une équipe pluridisciplinaire qui a fait de l’éducation une priorité.
-Une collaboration étroite entre cette équipe éducative et les parents.
L’Education Nationale ne peut répondre que dans le champ de compétence qui est le sien. L’école se centre sur les apprentissages et notamment les apprentissages cognitifs, l’école fait de la pédagogie. Mais quels apprentissages et quelle pédagogie pour ces enfants dans le cadre scolaire ?
Il fallait trouver une approche pédagogique cohérente s’appuyant sur trois principes forts :
–L’enfant autiste a un développement dysharmonique, il est nécessaire d’évaluer ses compétences et surtout ses potentialités pour bâtir un projet éducatif ;
-La participation éducative des parents est indispensable pour définir et compléter l’action du maître et de l’équipe qui le suit ;
–L’enfant est unique. Un projet individuel lui est proposé précisant :
• La responsabilité des partenaires respectifs ;
• L’instance porteuse du projet ;
• L’enseignement, le soutien à l’intégration, les rééducations, les moyens de développer la personnalité, la communication et socialisation sans négliger l’accompagnement des familles ;
• Le projet pédagogique, qui est basé sur l’analyse des capacités de l’enfant et de ses manques. Les apprentissages doivent être progressifs, adaptés aux possibilités de chaque enfant dans le cadre d’un espace de classe très organisé et individualisé. Le comportement de l’enfant autiste impose une analyse permanente de son désir à communiquer.
Ce projet spécifique doit être intégré au projet d’établissement afin :
• D’impliquer l’ensemble de la communauté scolaire ;
• D’évaluer les résultats à partir de critères bien définis ;
• De dégager les moyens et de résoudre les questions humaines et matérielles.
L’intégration peut se faire :
• En classe d’intégration scolaire ;
• En classe ordinaire ou spécialisée dans le cadre de projet spécifique ;
• En classe spécifique pour enfants autistes.
Je souhaite aujourd’hui tenter de faire le point avec vous de ce qui existe dans les textes et la réalité du terrain.
Les textes
Ces dernières années beaucoup de débats ont eu lieu pour déterminer la nature de l’éducation et des soins qui seraient souhaitables d’appliquer à l’enfant autiste. De nombreux textes font référence à la prise en charge pédagogique des autistes pour favoriser l’intégration :
Le 27 avril 1995 une circulaire ministérielle, constatant les carences de prise en charge des personnes souffrant de troubles autistiques, instaure dans chaque région des comités techniques régionaux sur l’autisme et précise les conditions d’accueil de ces populations incluant diverses composantes thérapeutiques, pédagogiques, éducatives et d’insertion sociale.
Il est précisé que pour être intégrés les enfants doivent être capables :
• D’assumer les contraintes et les exigences minimales de comportement qu’implique la vie à l’école ;
• D’être en voie d’acquérir une capacité de communication compatible avec les enseignements scolaires, les situations de vie et d’éducation collective.
Pour les enfants d’âge scolaire primaire (de 3 à 12 ans) la prise en charge intègre une triple composante thérapeutique, pédagogique, éducative.
Dans le respect du libre choix des familles cette prise en charge peut s’effectuer :
• Par des équipes de pédopsychiatrie notamment dans le cadre ambulatoire. La composante pédagogique prend la forme d’un enseignement intégré à l’établissement ou en partenariat avec des classes d’intégration scolaire ;
• Dans le cadre d’instituts médico-éducatifs s’ils disposent d’une section adaptée aux enfants autistes. L’enseignement est alors assuré dans l’établissement ;
• Par des services d’éducation et des soins à domicile qui sont alors couplés avec des classes d’intégration.
Le bulletin officiel du 23 mai 1996 insiste sur la priorité de favoriser l’intégration par une scolarité adaptée, facteur d’intégration sociale.
A partir d’expériences réalisées en Ile de France, respectant l’enfant dans ses particularités, est né le projet EDUCAUTISME, projet européen de formation destiné à différents professionnels. Ce projet, piloté par la France, a été mis en place au centre de Suresnes.
La loi du 11 décembre 1996 relative à la prise en charge de l’autisme reconnaît que les conséquences de cette maladie constituent un handicap permettant ainsi aux personnes atteintes de bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire :
La loi prévoit désormais que le schéma départemental des établissements et services sociaux et médico-sociaux doit préciser « La nature des besoins sociaux et particulièrement de ceux justifiant des interventions sous forme de créations ou d’extensions d’établissements ou de services sociaux et médico-sociaux adaptés, notamment, à la diversité et à la spécificité des handicaps ou par une autre voie ».
L’article 2 de la loi du 11 décembre pose deux principes :
-Tout d’abord, il reconnaît que les conséquences du syndrome autistique constituent un handicap. Le statut de handicapé et les prestations afférentes ne pourront donc plus être refusées aux enfants autistes par certaines Commissions départementales de l’Education Spécialisée ;
– Il pose, dans un second temps, le principe de la prise en charge de la personne atteinte d’autisme, quel que soit son âge. Une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte des besoins et des difficultés de la personne concernée.