L’énurésie
Définition
L’énurésie se définit comme une miction normale et complète, involontaire et inconsciente sans lésion de l’appareil urinaire, persistant ou apparaissant après l’âge où la maturité physiologique est acquise (au delà de 3 à 4 ans). Elle est généralement nocturne au cours du sommeil, mais peut être également diurne.
fréquence:
L’énurésie est un motif de consultation fréquent en pédiatrie et en pédopsychiatrie. Elle touche environ 10 % des enfants et deux fois plus les garçons que les filles.
Généralement le symptôme disparaît spontanément à la puberté mais il peut persister au delà.
les formes cliniques
L’énurésie primaire:
C’est la forme la plus fréquente (3/4 des cas environ). L’enfant n’a jamais été propre de manière stable la nuit alors qu’il est propre le jour.
Cette énurésie est essentiellement nocturne dans 65% des cas, diurne et nocturne dans 32 % des cas, diurne isolée dans 3 % des cas.
Certains auteurs ont souligné la fréquence du symptôme dans la famille des énurétiques ce qui a fait évoquer d’éventuels facteurs génétiques.
Dans la grande majorité des cas, l’enfant ne présente aucun trouble associé.
L’énurésie secondaire
Se définit par la survenue d’épisodes énurétiques chez un enfant jusque là propre (une période de propreté d’au moins un an est exigée par les auteurs).
L’Enurésie est fréquemment intermittente, influencée par les événements de vie/naissance d’un cadet, rentrée scolaire, séparation, conflits parentaux etc.
Le symptôme est souvent associé à d’autres troubles/ troubles anxieux, troubles des conduites, troubles dépressifs, difficultés scolaires.
Une encoprésie y est associé dans 10 à 20 % des cas
Diagnostic différentiel:
L’énurésie doit être distinguée des diverses incontinences d’urine survenant au cours d’affections somatiques:
- Les affections uroiogiques : malformation ou lithiase.
- Les affections neurologiques : polynévrite, myélite, spina-bifida, compression médullaire.
- Les affections métaboliques : diabète sucré ou insipide, potomanie.
- Les crises comitiales nocturnes, dont la miction peut être le seuil témoin (intérêt d’un E.E.G. du sommeil).
Etiopathogenie:
De nombreuses hypothèses ont été évoquées:
L’immaturité vésicale
Correspond à la persistance d’une vessie de type infantile, automatique, responsable de besoins fréquents. L’énurésie s’accompagne alors fréquemment d’envies impérieuses d’uriner, d’accidents diurnes. Des troubles psychomoteurs peuvent être associés : dyspraxies, syncinésies.
Les anomalies du rythme nycthéméral de la diurèse
sont responsables d’énurésie nocturne isolée caractérisée par plusieurs mictions par nuit et seraient provoquées par une inversion du rythmes circadien de la sécrétion d’hormones anti-diurétiques au cours de la nuit.
Un facteur héréditaire
trouve son explication dans la relative fréquence d’énurésie familiale sans qu’une transmission génétique précise n’ait été mise en évidence.
Les facteurs psychologiques et les traumatismes
affectifs jouent certainement un rôle important, beaucoup plus dans les énurésies secondaires.
Toutefois, il est parfois difficile de faire la part entre troubles psychopathologiques à l’origine du symptôme et les retentissements psychologiques de celui-ci.
Certaines attitudes parentales sont susceptibles de perturber l’acquisition du contrôle mictionnel soit par passivité, indifférence et carence éducative soit par excès d’exigences et d’attitudes sévères, rigides et répressives.
L’interprétation psycho dynamique de Enurésie est variable selon les cas:
- satisfaction érotique et équivalent masturbatoire
- agressivité et opposition vis à vis de la mère
- conduite régressive destinée à obtenir davantage de soins maternels.
Traitement:
Le traitement préventif:
préconiser l’apprentissage sphinctérien à une période où le développement psychomoteur le permet (habituellement lorsque la marche est acquise) dans un climat affectif de gratification et de récompense et non de punition et de répression.
Le traitement curatif:
Ne s’adresse qu’aux enfants de plus de 5 ans et comporte:
- l’information de l’enfant afin de le motiver et de le responsabiliser
- Les règles hygiéno-diététiques : supprimer couches et alèzes, diminuer les boissons du soir etc.
- Un protocole comportemental : tenue d’un carnet où seront notées les nuits sans “pipi” et les nuits avec “pipi”, réveils à heures régulières par les parents puis par l’enfant lui-même.
- Un abord psychothérapique dans les formes où le contexte psychogène est patent et dans les énurésies secondaires.
- La chimiothérapie (pas avant six ans). Plusieurs produits ont été utilisés : A.D. tricycliques (imipramine, clomipramine), desmopressine (minirin), oxybutynine (ditropan), buscopan.