L'autisme
Introduction
L’autisme a été décrit pour la première fois en 1943 par pédopsychiatre Léo Kanner comme une maladie à part entière.
Il a publié un article décrivant 11 enfants présentant un ensemble de symptômes particuliers, qu’il regroupe en sept caractéristiques essentielles:
•La solitude
•Des obsessions pour des routines
•Une mémoire extraordinaire
•L’écholalie
•La sensibilité aux stimuli
•Une gamme d’intérêts limitée
•Une intelligence normale.
Kanner a attribué la présence de l’autisme principalement à l’attitude et à la qualité des contacts des parents envers leurs enfants.
L’OMS a classé cette maladie comme un trouble du développement résultant d’un désordre du système nerveux central.
Critères du DSMIV
Les critères diagnostiques du Trouble autistique selon le DSM-IV :
A) Un total de six (ou plus) parmi les éléments décrits en (1), (2) et (3)
(1) altération qualitative des interactions sociales, comme témoignent au moins deux des éléments suivants:
(a) altération marquée dans l’utilisation, pour réguler les interactions sociales, les comportements non verbaux multiples,
tels que le contact oculaire, la mimique faciale, les postures corporelles, les gestes
(b) incapacité à établir des relations avec les pairs correspondant au niveau de développement
(c) le sujet ne cherche pas spontanément à partager ses plaisirs, ses intérêts ou ses réussites avec d’autres personnes (par ex: il ne cherche pas à montrer, à désigner du doigt ou à apporter les objets qui l’intéressent)
(d) manque de réciprocité sociale ou émotionnelle.
(2) altération qualitative de la communication, comme en témoigne au moins un des éléments suivants:
(a) retard ou absence totale de développement du langage parlé (sans tentative de compensation par d’autres modes de communication, comme le geste ou la mimique)
(b) chez les sujets maîtrisant suffisamment le langage, incapacité marquée à engager ou à soutenir une conversation avec autrui
(c) usage stéréotypé et répétitif du langage, ou langage idiosyncrasique
(d) absence d’un jeu de « faire semblant » varié et spontané, ou d’un jeu d’imitation sociale correspondant au niveau de développement.
(3) caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités, comme en témoigne au moins un des éléments suivants:
(a) préoccupation circonscrite à un ou plusieurs centres d’intérêts stéréotypés et restreints, anormale soit dans son intensité, soit dans son orientation
(b) adhésion apparemment inflexible à des habitudes ou à des rituels spécifiques et non fonctionnels
(c) maniérismes moteurs stéréotypés et répétitifs (par ex: battements ou torsions des mains ou des doigts, mouvements complexes de tout le corps)
(d) préoccupations persistantes pour certaines parties des objets.
B) Retard ou caractère anormal du fonctionnement, débutant avant l’âge de trois ans, dans au moins un des domaines suivants:
(1)interactions sociales
(2)langage nécessaire à la communication sociale
(3)jeu symbolique ou d’imagination.
C) La perturbation n’est pas mieux expliquée par le diagnostic de Syndrome de Rett ou de Trouble désintégratif de l’enfance.
Le trouble se manifeste par une difficulté, voire une impossibilité de communiquer avec l’entourage.
Les signes précoces de l’autisme
Suite à des recherches cliniques, actuellement, on peut repérer quelques signes précoces de l’autisme durant les deux premières années de vie.
La précocité du diagnostic permet de mettre en place rapidement une prise en charge adéquate.
Les signes d’alerte durant le premier semestre
- Absence d’échange avec la mère et d’intérêt pour les personnes:
– Indifférence à la voix et au visage de la mère et absence d’échange de regard.
– Indifférence au monde et impression de surdité.
- Troubles du comportement : enfant « trop calme » restant sans bouger ou au contraire, agité et « trop excité ».
- Troubles psychomoteurs
– Trouble d’ajustement postural.
– Absence d’attitude anticipatrice de l’enfant lorsque l’on ébauche le mouvement de le prendre dans les bras
– Troubles du tonus : hypotonie le plus souvent
– Anomalie du regard, strabisme.
- Troubles graves et précoces du sommeil :
– Insomnie calme (les yeux grands ouverts) ou insomnie agitée.
- Troubles oro-alimentaire et trouble de la succion.
- Absence ou pauvreté des vocalisations.
- Absence de sourire au visage humain, dès le troisième mois.
Les signes d’alerte durant le second semestre
En plus des signes déjà cités, d’autres signes apparaissent dès le deuxième semestre :
-Intérêt aux stimuli sensoriels : fixation du regard sur les lumières et sur les objets qui tournent, jeux de doigts devant les yeux…
- Intérêt compulsif pour des objets insolites, souvent durs.
- Le bébé réagit aux bruits de façon paradoxale.
- Absence d’émissions vocales.
- Absence d’angoisse de séparation.
- Absence d’angoisse de l’étranger, qui apparaît normalement vers 8 mois.
Les signes d’alerte durant la deuxième année
Les signes précédents se confirment, notamment le désintérêt pour les autres et la fascination pour les stimulations sensorielles.
D’autres signes peuvent être notés à cette période :
- Absence de « pointage » : l’utilisation, à partir de 9-14 mois, de l’index pour indiquer à une autre personne un objet source
d’intérêt). Ce signe est très caractéristique d’autisme.
- Absence de jeux symboliques à l’âge de 12 mois
- Troubles du langage
-Absence de gazouillis
-Écholalie…
– Apparition tardive des premiers mots (après 18 mois)
– Absence d’utilisation du « je »
- Anomalies de la marche, l’enfant marche sur la pointe des pieds
- Phobies de certains bruits mécaniques
- Autoagressivité
- Stéréotypies gestuelles.
Hypothèses étiologiques
Hypothèse psychologique
En s’appuyant sur des études de cas, la théorie psychanalytique explique l’autisme par une dysharmonie dans les interactions précoces entre la mère et l’enfant.
L’autisme serait, donc, une modalité d’organisation psychique développée par l’enfant en réponse à ce dysfonctionnement.
Hypothèse organique
a été introduite par Bernard Rimland à partir de 1965 est maintenant étayée par des études épidémiologiques.
- Facteurs infectieux:le DSMIV mentionne que le syndrome autistique peut être associé à la rubéole congénitale, mais cette influence n’est pas démontrée.
- Facteurs génétiques: le DSMIV affirme l’existence d’un risque de l’apparition du trouble dans la fratrie des sujets autistes.Ce risque est environ 60 fois plus élevé que dans la population en générale.
- Facteurs neurobiologiques: Des études faites en France, du taux de sérotonine dans le sang conduiraient à penser que les systèmes producteurs et régulateurs des catécholamines pourraient être impliqués dans la physiopathologie du syndrome de l’autisme. Cependant, cette hypothèse n’a aucune valeur diagnostique par le DSM-IV
Prise en charge
La prise en charge doit être pluridisciplinaire
- Une prise en charge éducatif vise à développer l’autonomie de l’enfant.
- Un travail pédagogique s’intéresse au développement des capacités cognitives,intellectuelle ainsi que des habilités psychomotrices.
De plus, le travail thérapeutique aide l’enfant à développer des modalités relationnelles et surtout familiale.
A ce titre, les rencontres régulières avec les parents s’avèrent indispensables.