L’approche psychophysiologique
Selon l’approche psychophysiologique, le trouble d’anxiété généralisée est provoqué par des événements négatifs. Ceux-ci produisent des réactions neurobiologiques liées au stress chez un individu biologiquement et psychologiquement vulnérable. La perception et l’interprétation inadéquate de ces réactions neurobiologiques entraînent de l’anxiété qui à son tour intensifie les réactions et en même temps l’anxiété. Barlow (1988) décrit ce processus comme suit :
« Les réactions à ces événements s’accompagnent d’un affect négatif qui consiste en une excitation physiologique associée à des réactions neurobiologiques en rapport avec le stress et un sentiment que les événements se déroulent d’une manière imprévisible et incontrôlable. Ce sentiment est à son tour associé à un déplacement du foyer de l’attention de la tâche présente vers des auto-évaluations, aboutissant à un nouvel accroissement de l’excitation. Il en résulte une vigilance accrue allant de pair avec une focalisation de l’attention sur le foyer des tracas ou inquiétudes et une incapacité à faire face à la source des soucis. Ce processus cognitif entraîné par l’excitation continue à monter en spirale dans une boucle négative de rétroaction jusqu’à ce qu’on s’inquiète de façon intense et excessive du foyer des soucis et de l’incapacité d’y faire face. À des niveaux extrêmes, le rétrécissement de l’attention est tel qu’il devient difficile ou impossible de se concentrer sur d’autres tâches. L’action est alors interrompue. »
Le traitement qui découle de cette conception de la genèse du trouble peut se situer à différents moments. Il vise des processus somatiques comme des processus cognitifs, les stimuli anxiogènes internes recevant une attention toute particulière.
Parmi les moyens psychologiques permettant de combattre l’anxiété, les exercices de relaxation et la méditation ont été recommandés depuis longtemps.
Bien que la méditation et l’entraînement à la relaxation (avec ou sans bio-feedback, c’est-à-dire des appareils rendant audibles ou visibles des phénomènes corporels) puissent conduire à un certain apaisement, jusqu’à présent, ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, s’ils sont appliqués seuls, dans le traitement d’un trouble anxieux. Raskin et al. (1980) remarquent également que ces exercices de relaxation sont insuffisants pour le traitement de l’anxiété chronique, si l’on n’applique pas en même temps d’autres procédés.
Des recherches plus récentes portant sur des procédés combinés ont donné des résultats plus positifs.
Barlow et al. (1984) ont présenté une des premières recherches bien contrôlées et ont pu établir l’efficacité d’un « paquet » de traitements combinant des procédés cognitifs et des procédés de relaxation. Ils ont comparé les effets d’une thérapie cognitivo-comportementale de dix-huit séances aux changements observés chez les patients du groupe de contrôle (liste d’attente). Le « paquet » de traitement de l’intervention cognitivo-comportementale comprenait les composantes suivantes : entraînement à la relaxation, biofeedback EMG (c’est-à-dire de l’activité musculaire), entraînement à l’immunisation contre le stress, et procédés cognitifs. Les effets du traitement ont été évalués à partir de plusieurs mesures : évaluation clinique, divers instruments d’auto-évaluation, auto-évaluation journalière de l’anxiété, questionnaires d’anxiété et mesures psychophysiologiques. Les résultats de l’expérience furent meilleurs pour les groupes traités, aussi bien concernant l’évaluation clinique que les autres mesures, alors que le groupe contrôle (liste d’attente) ne montrait pas d’améliorations. Lors du suivi à six mois, on a trouvé que le groupe traité ne conservait pas seulement le résultat obtenu, mais montrait encore des améliorations additionnelles. Dans une étude ultérieure plus importante, Barlow a comparé les effets de trois procédés différents aux changements observés chez les patients de la liste d’attente (groupe de contrôle). Un premier groupe a été traité par des procédés cognitifs, un deuxième par des procédés de relaxation, et le troisième par une combinaison de ces deux procédés. Cette combinaison comprenait l’entraînement à la relaxation et les procédés cognitifs qui ont été appliqués comme stratégies de maîtrise (gestion). Les patients ont ainsi appris à maîtriser de façon ciblée l’anxiété et les situations anxieuses qui avaient été diagnostiquées et mises en ordre hiérarchique auparavant. L’interprétation des résultats n’est pas encore terminée, mais elle permet de dire que les trois procédés ont été utiles, « mais que les procédés cognitifs de maîtrise (gestion) semblent être particulièrement efficaces chez ce groupe de patients puisqu’ils donnaient lieu au plus grand pourcentage de changement dans les mesures les plus importantes » (Barlow, 1988). Borkovec et al., (1987), qui ont comparé les effets obtenus dans le traitement de l’anxiété généralisée en douze séances par l’entraînement à la relaxation combinée avec une thérapie cognitive ou une thérapie non directive, ont pu confirmer ces bons résultats obtenus par les procédés cognitifs : les deux types de traitement étaient cliniquement efficaces, le procédé cognitif se révélant cependant supérieur (au procédé non directif) dans toutes les mesures d’effet, à l’exception d’une.
On mentionnera encore la recherche de Butler et al. (1987), car elle a également donné lieu à des résultats positifs intéressants. Elle présente un manuel pour le patient qui a été adapté et mis à l’épreuve par Hand (1989) dans le service de consultation psychiatrique de l’université de Hambourg.
Recommandations de traitement:
En résumé on retiendra, concernant le traitement du trouble d’anxiété généralisée que sur le plan pharmacothérapeutique, les antidépresseurs tricycliques, la buspirone et les benzodiazépines se sont révélés efficaces. À cela il faut ajouter que, pour les raisons mentionnées ci-dessus, les benzodiazépines ne devraient être données que pour le traitement d’attaque.
Parmi les méthodes psychothérapeutiques, c’est l’efficacité des procédés cognitivo-comportementaux qui est la mieux établie, ce qui en fait le traitement de choix.