L’anxiété généralisée
L’angoisse panique, l’anxiété d’expectation et l’angoisse phobique, le DSM-III-R distingue une quatrième forme d’anxiété pathologique et un trouble correspondant : l’anxiété généralisée. Il s’agit d’une anxiété éprouvée par le patient de façon presque permanente, sans qu’il y ait cependant des stimuli déclencheurs connus, comme c’est le cas dans l’anxiété phobique. L’anxiété généralisée se définit comme suit :
« La caractéristique essentielle de ce trouble est une peur ou des soucis injustifiés ou excessifs (attente craintive) concernant deux ou plusieurs situations ou événements, par exemple soucis à propos d’un malheur pouvant arriver à l’un de ses enfants (alors que celui-ci n’est pas en danger) ou soucis concernant sa situation financière (sans raison valable), pendant six mois ou plus, avec présence de ces soucis pendant plus d’une journée sur deux. Chez les adolescents et les enfants, le trouble peut se traduire par une anxiété et des soucis concernant les performances scolaires, sportives et sociales. Lorsque la personne est anxieuse, il existe de nombreux signes témoignant d’une tension motrice, d’une hyperactivité neurovégétative et d’une exploration hypervigilante de l’environnement »
Le diagnostic d’un trouble d’anxiété généralisée demande qu’en plus de la satisfaction de certains autres critères, le patient présente au moins six des dix-huit symptômes, que l’anxiété se soit manifestée pendant au moins un mois de façon plus ou moins permanente et ne soit pas la conséquence d’un autre trouble psychique.
Les traitements proposés actuellement pour la thérapie du trouble d’anxiété généralisée sont la psychothérapie psychanalytique, la pharmaco- thérapie et divers procédés d’orientation comportementale. Comme l’approche psychanalytique a déjà été présentée antérieurement et n’a jusqu’à présent pas donné lieu à des recherches d’évaluation contrôlées, nous nous limitons au modèle biologique et au modèle psychophysiologique.
L’approche biologique:
Pour les psychiatres d’orientation biologique (par exemple Sheehan & Shee han, 1982) le trouble d’anxiété généralisée est la conséquence d’un trouble métabolique dans le système nerveux central (SNC). Cette hypothèse n’a pas encore pu être étayée, ni par des marqueurs biologiques spécifiques, ni par la présence d’indices génétiques, mais c’est une hypothèse de travail intéressante.
Dans cette perspective, le traitement vise principalement à la régulation des processus se trouvant à la base de l’anxiété. Ce résultat a été obtenu pour la phase aiguë du trouble avec des benzodiazépines et le traitement prolongé avec des antidépresseurs tricycliques. Les benzodiazépines semblent d’autant plus efficaces qu’il y a moins de dépressivité et moins de conflits interpersonnels. Puisque leur prise prolongée s’accompagne de troubles cognitifs et surtout peut conduire à la dépendance et à des problèmes de sevrage, il ne faudrait les prescrire que pour un laps de temps limité, pour le traitement d’attaque. Plus récemment, on a trouvé un anxiolytique qui n’appartient pas à la famille des benzodiazépines, le buspiron, qui n’a par conséquent pas leurs inconvénients, qui est bien toléré et tout aussi efficace dans les troubles d’anxiété généralisée . Ces médicaments ont tous leurs avantages et leurs inconvénients et ne devraient être prescrits que par un thérapeute expérimenté dans le traitement pharmacologique des troubles anxieux. Aussi ne devrait-on pas oublier que des facteurs psychologiques peuvent jouer un rôle important dans le trouble d’anxiété généralisée.