Le savoir-vivre techno : On ne s'écrit plus , on se mail
Concentrés sur la touche et plus préoccupé du correcteur d’orthographe que de la phrase, les technos écrivains enchaînent les mots, utilitaires, condensés et détachés de toute dimension policée ou littéraire.
« Bonjour » en début de mail (de préférence « bjr » pour les SMS) et « CDT » à la fin représentent le maximum que l’on puisse attendre en matière de courtoisie. Le « CDT » suivi d’un nom de famille m’a fait prendre un certain Truchot pour un commandant pendant trois semaines avant que je ne réalise que cela signifiait « cordialement. »
L’abondance des mails entraîne une saturation agressive qui non seulement affaiblit le contenu, mais rend la réponse de plus en plus aléatoire. Il n’y a pas de règle dans la jungle technologique. Or, il s’agit d’un média de l’instantané : quand on ne répond pas, l’on inquiète ou l’on irrite ; on piste l’interlocuteur sans savoir pourquoi on l’abreuve d’infos qui finissent par être une prison professionnelle transformant l’employé, le cadre ou le patron (le mail est démocratique) en OS posté, le regard rivé sur le caractère gras qui vous sonne !
Faites comme avec votre téléphone portable, oubliez-le. En revanche, si vous ne vous en servez pas, n’oubliez pas de faire écrire le message d’absence qui signale à tous ceux qui vous ont « écrit » (terme inapproprié on écrit plus on « mêle ») que vous n’aurez pas connaissance de leur message.