Les remaniements psychologiques à l’adolescence:La prise d’autonomie et les relations avec les parents
L’éloignement de l’adolescent
« II ne veut plus rien faire avec nous ! », déclarent les parents d’adolescent, désolés de ce changement soudain. Nous sommes au cœur d’un des principaux changements psychologiques chez l’adolescent. Il se voit pris au piège d’un paradoxe qui réside dans le besoin de prise d’autonomie, du fait de grandir et de devenir adulte, et la dépendance affective à l’égard de ses parents.
Son corps devenu pubère, la relation de l’adolescent à ses parents se sexualise. Les uns et les autres se gênent avec leur corps. L’adolescent ne supporte plus la proximité affectueuse de ses parents, car ses désirs inconscients incestueux sont ravivés et deviennent plus dangereux. L’interdit de l’inceste bien intériorisé entraîne l’éloignement, sain et normal, de l’adolescent de ses parents. Il se tourne alors vers ses pairs, expérimentant les amitiés fortes, puis les relations amoureuses.
Le sentiment de sécurité interne
Plus le sentiment de sécurité interne est solide, plus l’adolescent prendra facilement son autonomie. Mais si cette sécurité interne est fragile et que l’adolescent ressent le besoin de cet apport extérieur de la part de ses parents, il va se trouver coincé dans sa prise d’autonomie. Il ressentira alors le tiraillement entre ce qu’il doit quitter, dont il ressent encore le besoin, et la nécessité de s’éloigner, imposée par le temps de grandir. Plus il a besoin, et moins il peut demander, la dépendance ravivant son besoin, dialectique inextricable.
Ce sentiment de sécurité interne se construit dans l’enfance, dès le plus jeune âge, par un étayage affectif suffisamment bon (voir la partie II). Ce sentiment sur lequel nous nous appuyons toute notre vie est un compagnon essentiel. Plus il est fragile et plus nous le remplaçons par un appui sur des éléments extérieurs, par nécessité de nous rassurer sans cesse. A l’adolescence, les changements qui s’opèrent à l’insu du sujet déclenchent un état de vulnérabilité et de doute. Il est alors bon que l’adolescent puisse s’appuyer sur cette sécurité interne acquise dans l’enfance qui lui servira de point de repère pour ne pas perdre pied.