Les différentes formes:L’importance de l’étayage parental
L’étayage est un terme utilisé en psychanalyse pour indiquer que le sujet s’appuie sur un objet. Dans le cas de l’enfant, cet objet est souvent ta mère ou tout membre de l’entourage proche qui l’aide à poursuivre son développement. S’étayer sur quelqu’un signifie que cet autre est indispensable et que c’est par son support qu’une progression est possible. Les interventions parentales jouent un rôle décisif dans la façon dont un nouveau-né investira progressivement les objets du monde extérieur. Leur degré d’ajustement à l’enfant revêt notamment une grande importance dans le développement des compétences précoces.
Le terme d’ajustement qui correspond à une traduction du terme anglo- saxon « responsiveness » se réfère à une séquence de trois événements : une demande de l’enfant, une réponse du parent et son effet sur l’enfant. Pour qu’un comportement parental soit ainsi considéré comme ajusté, trois conditions sont en général requises :
• le parent modifie son activité en fonction de la demande du bébé ;
• cette modification est adéquate à la demande du bébé ;
• la même réponse est donnée régulièrement à des demandes identiques.
Cette régularité des réponses est cruciale pour rendre compte du mécanisme par lequel l’ajustement parental joue un rôle positif dans le développement de l’enfant. En développant des attentes concernant les réponses à ses propres comportements, le bébé apprend qu’il a quelque pouvoir sur l’environnement et qu’il peut prévoir ce que vont faire les personnes familières. Inversement, l’absence de régularité quant aux issues de ses propres comportements mène à la démission.
L’ajustement parental l’amène ainsi à agir, à tenter des activités nouvelles, et donc à construire de nouveaux schèmes d’action, ce qui est le propre du développement cognitif. Dans un monde prédictible, les échecs, devenus rares, peuvent devenir des problèmes à résoudre et non des preuves supplémentaires d’inefficacité.
Le rôle du tempérament de l’enfant dans cette aptitude au développement est certain, mais des travaux récents le conçoivent comme un mode d’interaction avec l’environnement dont les manifestations sont capables de modulation en fonction de l’issue de ces interactions. Ce sont les modalités d’interaction qui apparaissent alors avoir la plus grande influence sur le rythme et la qualité des acquisitions du jeune enfant.
L’intervention parentale est une stimulation, dans la mesure où elle pousse l’enfant à faire davantage qu’il ne ferait seul. Mais pour parvenir à faire progresser l’enfant, cette stimulation doit se situer à un niveau d’exigence cohérent avec ses capacités.
Le concept de Vygotsky de « zone proximale de développement » est donc ici sollicité à plus d’un titre. En s’adaptant aux besoins et aux capacités de l’enfant, son partenaire joue le rôle d’un médiateur efficace entre celui-ci et les objets du monde. Cette zone proximale de développement peut être plus ou moins étendue et varie en fonction des individus engagés auprès du nourrisson.
Ainsi les frères et soeurs plus âgés, ou les pairs à la crèche, pourtant moins susceptibles que les parents de s’adapter aux capacités du bébé, suscitent également des progrès de sa part. L’extension de la zone proximale du développement dépend dès lors de deux partenaires, davantage que d’un bébé en particulier.
C’est ainsi grâce aux étayages, essentiellement parentaux mais provenant également d’autres supports, que l’enfant progresse pour passer progressivement à des niveaux de développement plus avancés. On peut en ce sens parler de développement partagé.
Des études démontrant les grandes capacités d’ajustement émotionnel d’enfants âgés de deux mois insistent sur la sensibilité des jeunes enfants aux soins parentaux et tout particulièrement à la qualité affective de ceux-ci. Une défaillance du donneur de soin possède dès lors un caractère potentiellement nocif.
Le « Soi », le « Je » et le « Moi
L’existence d’un Soi primitif chez le nourrisson
A quel moment le nourrisson a-t-il conscience de lui-même ? A quel degré de connaissance de son corps accède-t-il progressivement ?
Des recherches récentes ont montré que le très jeune enfant a une conscience de l’autre et de soi beaucoup plus avancée que l’on ne l’avait d’abord supposé. La plupart des auteurs s’accordent actuellement autour de l’existence d’un Soi primitif, primaire ou présymbolique chez le bébé.