Nostradamus
Michel de Nostre-Dame, dit Nostradamus, est né en 1503. Médecin à Montpellier et Toulouse, il combat la peste à Aix-en-Provence… En 1555, il publie ses premières prophéties. Séduite, Catherine de Médicis l’invite à Paris pour consultation,Henri II le couvre d’or… Au temps des guerres de religion, il se retire à Salon où il meurt à l’âge de soixante-trois ans, en 1566, laissant environ un millier de quatrains ou de sixains connus sous le nom de Centuries.
Celles-ci sont dédiées à un de ses fils, César, à qui il écrit : « Sache que les hommes de lettres feront une grande et incomparable jactance sur la façon dont j’ai trouvé le monde. »Nostradamus ne pensait pas si bien dire. Depuis sa mort, ses Centuries ont été publiées maintes fois, et chaque fois commentées, mises au goût du jour, ajustées aux évènements connus, annonçant des évènements à venir plus ou moins plausibles.
Il s’agit en effet de vers très obscurs, prophéties « venues par inspirations surnaturelles », valables jusqu’à l’an 3757, semble-t-il. Le génie de Nostradamus est d’avoir libellé ces prophéties de telle façon qu’on peut les interpréter à sa guise et les appliquer à maints événements différents, de n’importe quelle époque puisqu’elles ne sont pas datées, ni même exploitables chronologiquement.
Ainsi par exemple des mêmes quatrains auraient été affectés par les commentateurs successifs, à la chute de l’Empire romain, aux guerres de religion, à la Révolution de 1789, à la guerre de 1914…Il suffit en effet de broder sur un mot, une image, une association d’idées, un chiffre, pour obtenir le résultat désiré.
Cela pourrait n’être qu’un jeu innocent. Mais on peut aussi oublier l’innocence. Ainsi en 1981, paraît un livre : Nostradamus, historien et prophète de J.C. de Fontbrune, dont le succès est immédiat (plusieurs centaines de milliers d’exemplaires vendus malgré un prix élevé).
L’auteur déclare (c’est de bonne guerre) être le premier à découvrir le sens réel des prophéties de Nostradamus. Il a d’ailleurs travaillé «scientifiquement» pendant dix-sept ans et s’est aidé d’un ordinateur.Que nous annoncent Fontbrune et Nostradamus ? Deux guerres mondiales, la première aux environs de 1983, la seconde pour 1999. Celle-ci durera vingt-sept ans… La France et l’Angleterre seront envahies à la fois par les Russes et les Arabes, Paris sera détruit… La seconde guerre, elle, sera menée par les Asiatiques.
A la fin, la France sera sauvée, un roi remplacera le président de la République, et l’âge d’or s’ouvrira dans notre pays.Comme on le voit, ce livre est une mauvaise action, rempli d’inventions exploitant des angoisses légitimes, attisant bêtement la haine entre les nations et les peuples.Laissons Fontbrune et revenons un instant à Nostradamus pour souligner combien l’obscurité de ses prophéties est semblable aux horoscopes des astrologues et aux prédictions des voyants de toute espèce : imprécises, prudentes, accompagnées de correctifs, mises en gardes, restrictions diverses, les transformant complètement et permettant de les trouver justes quelle que soit la réalité.