Le baquet de mesmer
paris, au 18e siècle, appelé le siècle des lumières, arrive un médecin autrichien, Frédéric lue Mesmer. Dans les milieux nobles et bourgeois passionnés d’occultisme, il lance sa théorie du magnétisme animal : « Un jour me trouvant près d’une personne que l’on saignait, je me suis aperçu qu’en m’approchant et en m’eloignant,le
cours du sang variait de façon remarquable ; ayant répété cette manœuvre dans d’autres circonstances, je conclus que je possédais une qualité magnétique… »
Mesmer explique, reprenant pour partie un thème bien connu : il dispose d’un pouvoir guérisseur procuré par un fluide particulier dû à une influence planétaire. Il organise donc des séances thérapeutiques de groupe pour diffuser ion fluide universel… Au milieu d’une salle aux murs matelassés, plongée dans une semi- pénombre, un baquet est empli d’eau, de limaille de fer et de morceaux de verre. Des barres de 1er sortent du baquet, que les patients, assis autour, appliquent sur la partie malade de leur corps…
Mesmer entre dans la salle, revêtu d’habits éclatants, faisant avec ses mains des mouvements divers (appelés depuis « passes magnétiques »). Les réactions des patients sont des plus diverses ; rires, frémissements, gestes de nervosité, cris et convulsions. Le « fluide » du baquet n’est qu’illusion ; seules comptent l’imagination des patients et
l’imitation collective. Sur un public au psychisme plus ou moins troublé, se manifeste seulement la toute puissance de la suggestion…
Des années après Mesmer, un certain marquis de Puységur utilise un arbre au lieu d’un baquet pour magnétiser ses paysans malades… Surprise : il parvient à les endormir artificiellement, arrive même à les rendre somnambules. Il faudra attendre un siècle pour que le docteur Charcot commence à étudier scientifiquement ces phénomènes à l’hôpital parisien de La Salpêtrière, puis pour qu’on les explique : Freud, en les utilisant comme moyens d’analyse psychologique, Pavlov par ses études sur le sommeil et ses théories sur l’unité entre le physiologique et le psychique, entre ce qui se passe dans notre organisme et dans notre pensée.
La suggestion peut se définir comme la tentative mentale de contraindre quelqu’un à adopter un avis, une opinion, un comportement. Elle ne s’adresse pas à la raison, mais au subconscient. L’auto-suggestion, elle, consiste à se persuader soi-même de quelque chose, non en raisonnant mais en laissant parler les instincts ou les tendances obscures de son subconscient.
La suggestion trouve plus facilement à s’exercer sur les êtres frustres, ignorants, crédules, et aussi bien entendu sur les malades mentaux. Elle peut être aidée par des facteurs extérieurs (rythme musical, danses…).
Le sujet fortement suggestionné ne garde pas son psychisme normal. Le conditionnement provoque en lui des réactions nerveuses très poussées, progressives, allant jusqu’à l’hallucination, l’hystérie. L’autosuggestion peut mener elle, à l’extase mystique.
L’hypnose sociale appelée aussi « hystérie collective », la foule intervenant dans le comportement individuel, se traduit par un déchaînement des émotions élémentaires (peur, enthousiasme…) et des instincts primitifs (violence…).