Cérémonial et rites
Pour ce faire, le magicien opère dans les conditions les plus aptes à impressionner et à réduire le sens critique éventuel du clan. La nuit en général, dans un cadre choisi, mystérieux ou symbolique si possible. Le cérémonial est long, compliqué, fatigant, surtout dans les grandes occasions. Il comporte des incantations dans un langage incompréhensible, des danses collectives déclenchant des troubles psychiques chez les participants : hallucinations et hystéries collectives (nous reviendrons plus loin en détail sur ces phénomènes de suggestion et d’hypnose, essentiels dans toute manifestation des sciences occultes).
La complexité du cérémonial permet aussi d’expliquer plus facilement l’échec : quelque chose n’a pas été respecté. Les spécialistes font à ce propos une constatation significative : la croyance en la magie n’a souvent même pas besoin de justification concrète lorsque le conditionnement des êtres crédules est bien réalisé.
Quels sont les moyens utilisés par les magiciens dans l’exercice de leur activité ? On les appelle des rites.
Il s’agit de suggérer aux puissances supérieures l’action que l’on souhaite leur voir accomplir : les rites représentent donc, le plus clairement possible, l’accomplissement de l’acte recherché. Ces rites sont de trois sortes.
D’abord, les rites de génération. A l’aide d’un regard, d’un geste, d’une phrase, le magicien jette un sort : « Que ton bras droit se dessèche ! » dit-il par exemple à la victime choisie. Théoriquement, la paralysie doit frapper cette dernière… De même, il lance symboliquement une flèche en direction du clan voisin contre qui la guerre est déclarée. Si les puissances invoquées l’entendent, le clan voisin est condamné à la défaite.
Le plus connu des rites de contagion consiste à fabriquer un personnage de terre ou de cire, à l’intérieur duquel on introduit des cheveux ou des rognures d’ongles d’une personne à qui on veut nuire. Percer le cœur de la poupée équivaut à percer le cœur de l’ennemi réel.
Les rites de contagion sont aussi à l’origine du « bouc émissaire » : le magicien transfère une maladie d’un être humain à un animal, chassé
Ensuite au loin avec la maladie qu’il emporte, tandis que le malade, lui, est guéri.
Les rites d’imitation enfin, consistent par exemple à verser de l’eau par terre afin d’attirer la pluie. Les rites d’imitation ont été pratiqués sur une grande échelle, et jusqu’en Chine. Indiquons en passant qu’ils sont à l’origine des fêtes romaines, les bacchanales et les saturnales, puis de la Fête des Fous et des Carnavals : les orgies organisées à ces occasions devaient donner aux dieux l’exemple de la fertilisation de la terre.
Le verbe
La pratique des différents rites accorde une importance toute particulière aux paroles prononcées, la parole étant considérée comme l’essentiel d’une opération magique : magie égale puissance du verbe.
La consécration (déjà évoquée plus haut) donne un pouvoir à des êtres ou des objets ; l’exécration consiste à conjurer, chasser (exorciser) ; l’invocation comprend des paroles ou des formules, dites ou chantées, par lesquelles on établit un contact supranaturel ; l’ évocation, enfin, est une invitation aux esprits supérieurs à se manifester…
Les rites magiques comprennent également deux éléments importants :
- le cercle magique tracé à terre sert au magicien à se protéger des forces mauvaises, et à attirer les forces évoquées.
- Les pentacles, sortes de médailles, portent des signes et des formules symboliques.
Cercle magique et pentacles sont considérés comme des projections du ciel sur la terre et fabriqués en respectant les « correspondances astrologiques », les signes du zodiaque…